Linux c’est le mal, vive Windows.

Lorsque l’on veut faire quoi que ce soit sous Windows, il y a toujours un nombre impressionnant  de fenêtres de confirmation qui s’affichent. Par exemple, pour supprimer un fichier, il faut d’abord répondre à la question « êtes-vous sûr de vouloir faire ça ? », puis se rendre dans la corbeille du bureau, à nouveau sélectionner le fichier et cliquer sur l’effrayant bouton « supprimer définitivement ». A ce moment là, une autre demande de confirmation s’affiche : « êtes-vous vraiment sûr de vouloir faire ça ? ». Enfin, après 5 minutes de lutte acharnée, le fichier est supprimé.

Sous Linux en revanche, il y a juste à appuyer sur le bouton « supprimer » pour effacer le fichier. Pour peu qu’on soit en root, on peut supprimer à peu près tout ce qu’il y a sur le pc, système d’exploitation compris avec une simple ligne de commande. Imaginez-vous l’impact d’une simple faute de frappe dans votre console ? Mesurez-vous le risque que vous prenez à chaque fois que vous entrez une commande ?

Windows nous permet plus de sécurité lorsque nous effectuons une action, en nous demandant toujours une confirmation. C’est parce que Windows a compris que nous étions des êtres hésitants, voir un peu stupides. Merci à Windows de reconnaître ma stupidité. Merci de me l’avoir apprise également, car je pense que si je stresse toujours de faire une faute de frappe dès que j’ouvre une console sous Linux, c’est aussi parce que j’ai appris à ne pas être sûr de moi, et que le système d’exploitation est plus intelligent que moi et a de toute façon une meilleure connaissance de ce que je dois faire avec mon ordinateur. Avec Windows, vous pouvez vous en remettre entièrement à votre PC pour gérer toutes les prises de décisions que vous pourriez avoir à faire. Quel soulagement. Je n’ai plus à prendre aucune responsabilité pour les problèmes qui surviennent.

Ils sont quand même doués chez Windows : ils ont réussi à nous apprendre que nous étions stupides, et qu’en nous supprimant tout pouvoir de décision et tout contrôle, nous serions plus en sécurité. Ils ont réussi à nous faire prendre peur de Linux parce que c’est un OS qui nous permet de tout faire, parce qu’il nous fait confiance pour gérer notre propre ordinateur.

Cette réflexion peut être élargie à d’autres situations quotidiennes. Par exemple, nous avons appris que nos dirigeants étaient mieux placés que nous pour prendre des décisions politiques, que nous pouvions leur faire confiance et ne plus être responsables de la situation de notre pays. Nous avons appris que nous étions trop bêtes pour comprendre les listes d’ingrédients ou la production de nos aliments et que nous pouvions avoir confiance dans le marketing qui nous dit qu’un produit est bon pour nous. Nous avons appris que nous n’avions pas les connaissances suffisantes pour nous occuper de nos propres corps et qu’il était préférable de laisser les médecins prendre les décisions à notre place pour savoir quels médicaments ou quels moyens de contraception nous conviennent le mieux. Après tout, pourquoi connaitrais-je mon propre corps mieux que le médecin, si ce n’est que je le vois tous les jours, que je le ressens, que je connais son apparence et son odeur ?

Mieux que cela, ils ont réussi à nous faire croire que nous avions le choix de leur faire confiance ou non. Ce n’est par parce que Windows était installé sur mon ordinateur lorsque je l’ai acheté que je n’avais pas la possibilité de le désinstaller. Les dirigeants ne peuvent pas faire n’importe quoi : nous pouvons voter[1]. Les médecins ne prennent pas les décisions sans nous : ils nous posent des questions au début de la consultation sur ce qui ne va pas.

Dans la logique de nous libérer de l’emprise médicale et surtout psychiatrique que l’on voulait nous imposer, nous, transpédégouines, avons entrepris de devenir experts de nous-mêmes, en nous réappropriant ces savoirs et en développant leur transmission, par le biais de l’éducation populaire. Il me semble qu’il est nécessaire, dans la continuité de cette réflexion, de nous réapproprier tous les savoirs et toutes les prises de décisions qui nous concernent et dont on voudrait nous priver.

Qu’attendons-nous pour développer l’éducation populaire sur des sujets pratiques et quotidiens ? Qu’attendons-nous pour nous intéresser à tous ces savoirs qui nous sont confisqués ? Qu’attendons-nous pour nous prendre en main et décider seuls de ce que nous voulons apprendre ou non, sans suivre les choix imposés par une élite d’experts de qui nous dépendrions[2] ?

Bref, tout ça pour dire que j’ai récemment installé Linux en dual-boot sur mon pc et que je tâtonne encore pas mal, mais que je remercie le site du Zéro pour leurs super tutos. 🙂

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